À l’extrémité nord du point le plus à l’est du pont piétonnier reliant deux parcs riverains, à Edmonton en Alberta, une plaque commémorative fixée sur un rocher porte cette dédicace : Ainsworth Dyer était un homme qui aimait son pays et qui a donné sa vie pour protéger notre liberté. Nous sommes meilleurs pour l’avoir connu. Il était un véritable monument qui parvenait alléger nos coeurs. Il faisait partie de la course et il l’a accompli avec brio.

Dès l’âge de six ans, Ainsworth Dyer savait quelle était sa vocation, il serait soldat. À l’âge adulte, il a affirmé que s’il devait mourir durant son service, ce serait son destin et selon la volonté de Dieu. Bien qu’il ait aimé tous les aspects de sa vie, il était prêt à la sacrifier pour rester fidèle à sa vocation.

Ainsworth est né à Montréal et faisait partie d’une famille très unie. Sa personnalité était tout aussi imposante que sa stature (9 livres à la naissance et 6 pi 4 po à l’âge adulte). Il débordait de vie, de joie et d’amour. Il était bon, fidèle à ses croyances religieuses et selon ses compatriotes, il avait d’incomparables qualités de coeur. Il était déterminé, charismatique et un leader naturel. Son rire particulier retentissait et il avait un sens de l’humour caractéristique.

Ains (ainsi surnommé) était sportif. La course était sa passion et il gagnait souvent des compétitions. Un jour, en pleine course, il s’est cassé une cheville et cela lui a coûté une victoire, mais il a tout de même terminé la course, poussé par sa détermination. Il était aussi un excellent joueur de football. Son ancienne école secondaire, la Regent Park de Toronto, accorde un prix annuel qui porte son nom.

C’est durant son adolescence qu’il a vécu sa première expérience de protecteur du citoyen en tant que garde de sécurité. À l’âge de dix-huit ans, il s’est enrôlé au 48th Highlanders of Canada comme soldat d’infanterie et à vingt ans, il a rejoint les rangs des forces permanentes. Il a terminé son école de combat en 1998 pour ensuite être assigné au 3e Bataillon de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry à Edmonton en Alberta. Il est devenu un soldat responsable et mature tout en maintenant son sens de l’aventure. Il s’est également entraîné pour participer au Mountain Man military fitness competition, une épreuve qui comprenait du portage, une course à pied de 31,6 km et 10 km de canoë sur une rivière. En 2000, il a été envoyé en Bosnie-Herzegovine comme carabinier pour l’Opération Palladium au sein de la mission canadienne du maintien de la paix. Il a ensuite été envoyé en Afghanistan dans le cadre de l’opération « Liberté immuable ».

C’est à Edmonton qu’il a rencontré la jeune femme dont il est tombé amoureux. Ils allaient à la même église qu’il fréquentait depuis son enfance. Avant son départ pour l’Afghanistan, il avait reçu la bénédiction des parents de sa douce pour la demander en mariage. C’est agenouillé sur la passerelle, alors sans nom, située au-dessus de la rivière Saskatchewan Nord qu’il lui a demandé sa main. Elle a accepté sans hésiter.

Au lieu de célébrer une joyeuse cérémonie planifiée pour le retour de Ainsworth à Edmonton à l’automne 2002, une cérémonie commémorative, organisée par le père de sa fiancée, s’est déroulée en avril 2003 sur la passerelle qui porte maintenant son nom. Depuis, la mémoire de Ainsworth est honorée chaque année, le jour de l’incident qui l’a tué lors d’un tir fratricide. Selon ses amis, tant que la passerelle sera là, les gens se souviendront du soldat disparu.

Jeananne Kathol Kirwin

Traduction : Sylvie Alice Roy

Portrait par Cindy Revell