Le Capitaine Jefferson Clifford Francis était l’ainé des deux enfants de Marion Murray, dont le père, le sergent Clifford Murray, avait servi en territoire néerlandais durant la Seconde Guerre mondiale. Le père de Jeff, le major Russell Francis, avait servi pendant 30 ans dans les trois branches des Forces canadiennes. Le grand-père paternel de Jeff s’était enrôlé à l’âge de 18 ans pour se battre avec le Régiment d’infanterie de la rive nord du Cape Breton, lors de la Seconde Guerre mondiale, avant de servir comme soldat pendant 25 autres années.

Jeff eut une enfance heureuse; il était très proche de sa grand-mère, Alma Murray, et tous les deux aimaient se réunir pour regarder les médailles et les certificats accumulés au cours de la carrière militaire du grand-père de Jeff. Sa sœur Mica, plus jeune de cinq ans, idolâtrait Jeff. Au fil des ans, ils devinrent très proches (malgré quelques taquineries au passage). Le jeune Jeff ne laissait jamais quoi que ce soit l’arrêter. S’il décidait d’ignorer les directives de son père et de braver la neige pour se rendre chez sa grand-mère, il le faisait. Il était passionné de sport; toute l’année, il jouait au hockey, au soccer, au baseball ou à la crosse.

À l’adolescence, Jeff s’intéressait plus au heavy métal qu’à ses études. Les déménagements répétés de sa famille furent difficiles, et il termina ses études secondaires à l’âge adulte tout en travaillant à trois endroits en même temps. Quand il commença à travailler à l’aéroport d’Ottawa, ses quarts de travail matinaux lui donnèrent le temps et l’argent pour suivre des cours à Carlton, où il rencontra Sylvie Secours, celle qui devint sa femme et la mère de son fils.

Il apprécia l’université et commença immédiatement ses études de deuxième cycle en études canadiennes. Il poursuivit sa passion pour le sport en pratiquant les arts martiaux à Carlton; il toucha au kickboxing, au jiu-jitsu brésilien, au grappling, à la boxe et au tai-chi. Ses années universitaires lui firent découvrir le bouddhisme, qu’il trouva inspirant. Avec son crâne rasé, son tatouage zen (« le Vide », en kanji) et son corps bien entraîné, il aurait pu passer pour un moine-guerrier, ce qui aurait pu être confirmé par les livres de Gwynne Dyer, de John Keegan, de Joseph Campbell et de Miyamoto Musashi qui ornaient sa bibliothèque. La philosophie guida ses études et son mémoire de maîtrise. C’est en analysant le rôle de la Société Radio-Canada sur l’émergence d’un nationalisme distinctement canadien à l’aide des principes de Foucault qu’il obtint sa maîtrise.

Pendant son doctorat en sociologie, Jeff décida de s’enrôler. Sa décision fut appuyée par sa famille; non seulement sa décision était logique, compte tenu du contexte familial, mais c’était un temps de paix. Cela lui permettrait d’acheter une voiture et de s’amuser un peu. Il s’engagea le 4 septembre 2001 et prêta serment le 7 septembre. Les attentats du World Trade Center quatre jours plus tard ont tout changé. Il s’entraîna pendant six ans, commençant par la base avant de compléter la formation d’officier d’artillerie. Dès qu’il le pût, il suivit une formation en parachutisme et il était fier de rejoindre le C Battery, the para battery with First Canadian Field Artillery Regiment at CFB Shilo in 2004. Il continua à s’entraîner pendant les années qui suivirent, participant entre autre à l’éprouvante Mountain Man Competition à Edmonton en 2005, et il gagna confiance en ses capacités.

En février 2007, Jeff participa au déploiement en Afghanistan où il servit comme officier observateur avancé pour la force opérationnelle 1-07, le battaillon 2 RCR. Jeff était un soldat très apprécié, connu pour son sens de l’humour particulier et son attitude positive.

Sumari MacLeod

Traduction par Danny Léger

Portrait par Cindy Revell