Vaughan ne mesurait que cinq pieds et huit pouces, mais lorsqu’il entrait dans une pièce, on ressentait immédiatement toute l’ampleur de sa personnalité. Vaughan, surnommé « Iggy », faisait une forte impression sur les gens qu’il rencontrait avec son sourire irrésistible et son penchant pour raconter des histoires et faire des blagues.

De nature conciliante, Vaughan était populaire depuis sa tendre enfance. Dans sa ville natale de Burgeo, Vaughan a vécu une enfance de rêve : il se promenait librement partout où il voulait avec ses amis et passait le plus clair de son temps dehors. Chaque fois qu’il le pouvait, il allait pêcher avec ses amis ou allait chasser avec son père et ses frères, et son fidèle chien Ranger ramenait les proies de Vaughan. Son amour pour la nature s’est intensifié à l’âge adulte. Vaughan adorait aussi les sports, surtout la balle molle et le hockey, qu’il pouvait pratiquer dans les rues ou sur les étangs gelés.

Vaughan a terminé ses études secondaires en juin 1990, et, le 5 juillet, il avait rejoint les rangs de l’armée. Il n’avait que 19 ans. Servir dans l’armée était une tradition familiale respectée : deux de ses oncles et son jeune frère étaient dans l’armée, son père dans les « Rangers » et son grand-oncle est mort au combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Après son entraînement à Cornwallis, en Nouvelle-Écosse, Vaughan est allé à l’école de combat de Wainwright, en Alberta. Ensuite, il a été posté brièvement au deuxième bataillon PPCLI à Winnipeg avant d’être transféré à 2 Commando du Régiment aéroporté du Canada à Petawawa, en Ontario. Pendant qu’il était avec le Régiment aéroporté, il a complété une mission en Somalie, la première de ses cinq missions.

En juillet 1995, Vaughan est allé au Centre de parachutisme du Canada à Edmonton et de là, il est passé à 3 PPCLI. C’est à ce moment qu’il est allé en mission en Bosnie. Par la suite, il a été posté au 1er bataillon des PPCLI et est allé au Kosovo, encore en Bosnie et, finalement, en Afghanistan.

Enfant, il était très énergique et adorait les défis; en tant que soldat, il ne pouvait étancher sa soif d’aventure. Vaughan aimait tellement sauter hors d’un avion, qu’il le faisait aussi dans ses temps libres. Il était en forme, aimait la course et était toujours en mouvement. Sa passion pour les sports et la chasse s’est continuée à l’âge adulte; il a même participé à la construction d’un aréna de hockey dans le sable en Afghanistan. Il était l’instigateur des parties de ballon balai jouées entre les Yanks et les Canucks. Il essayait d’appeler régulièrement à la maison, mais les conversations restaient courtes et portaient toujours sur le hockey : qui jouait et quel était le pointage.

Vaughan aimait passionnément sa famille et chérissait son rôle de mari et celui de père pour ses deux filles. Il avait deux frères et une sœur, ainsi qu’une nièce et trois neveux et il était le parrain du plus jeune, qui fût baptisé juste avant le départ de Vaughan pour l’Afghanistan.

Sa soif d’aventures et son désir de vivre étaient bien représentés par la façon dont il vivait. Il aimait cuisiner, jouer au poker (même s’il ne savait pas garder un visage impassible) et chanter « North to Alaska » à pleins poumons avec les hommes de la famille. Vaughan appréciait être en compagnie de ses amis, sortir dans les bars, regarder de vieux films de guerre ou écouter de vieilles chansons. Il était un admirateur de John Wayne, de Johnny Cash et plus particulièrement, de John Horton. Son talent était incomparable lorsque venait le temps de raconter des histoires, soit à propos de l’armée, soit à propos de parties de chasse ou de pêche. Vaughan a raconté de nombreuses blagues autour d’une bonne bière et savait charmer le cœur de nombreuses personnes.

Il était un soldat courageux et dévoué qui ne connaissait pas la peur. Au début de 2006, une grenade propulsée par roquette a explosé dans son véhicule blindé léger en Afghanistan. Il a perdu un bout d’oreille et a été blessé au visage, au cou et au poignet par des éclats d’obus. Ces blessures témoignent de sa persévérance en tant que soldat et de sa détermination à retourner au travail, sans se plaindre.

Dans sa ville natale de Burgeo, un terrain de jeu a été nommé en son honneur : un hommage approprié pour un homme qui savourait la vie avec une joie presque enfantine.

Sarah J. Den Boer

Traduction par Annabelle Normandeau

Portrait par Shairl Honey