Le caporal Bryce Keller a toujours su prendre soin des autres. Dès l’âge de six ans, il tenait compagnie à certains camarades de classe afin qu’ils ne soient plus seuls, jusqu’à ses tout derniers instants, où il affrontait les tirs ennemis afin de protéger ses compatriotes. Le caporal Keller était un homme d’une grande valeur.

Surnommé Bryceronie par plusieurs, Bryce est né à Régina, en Saskatchewan. Quand il était jeune, il était très actif et participait à plusieurs activités, allant des Scouts aux sports d’équipe, en passant par enfant de chœur à joueur de football au secondaire. Durant l’été, Bryce adorait aller camper et entraîner ses frères cadets dans diverses aventures. C’est son amour du plein air qui l’a motivé à joindre les rangs de l’armée.

En plus d’être sportif, Bryce était cultivé; il appréciait la lecture d’un bon livre et ne donnait pas sa place aux échecs. Il a obtenu son diplôme d’études secondaires avec mention honorable et avait entamé sa première année d’université en génie. Il était un homme honnête, travaillant et fiable. On le connaissait pour être un grand farceur, avec un sens de l’humour loufoque et un rire bien particulier. Avec l’âge, Bryce est devenu un homme déterminé et cette qualité le poussait toujours à en faire davantage, poussant les choses jusqu’à l’extrême. Une fois qu’il avait décidé quelque chose, rien ne pouvait l’arrêter avant qu’il n’ait atteint son but. Bryce mettait beaucoup d’efforts pour obtenir les résultats escomptés et le respect, et c’est de cette façon qu’il a toujours vécu.

Il avait aussi la capacité de bien cerner les gens et pouvait parfois être très franc, ayant peu de temps à perdre avec les gens mal intentionnés ou malhonnêtes. Instinctivement, Bryce savait à qui donner sa confiance, et on pouvait en retour se fier à lui.

Bryce était un être de contradictions : il aimait impressionner les gens avec sa force physique et mentale, mais il avait aussi un petit côté tendre et sensible qui ressortait dans ses actions. Helen, la mère de Bryce, se souvient de la fois où il lui a demandé de lui montrer comment préparer les biscuits sablés préférés de sa femme Sarah, afin de les lui offrir à son retour de l’Afghanistan : « Mon grand soldat découpait des biscuits en forme de cœur, qu’il allait décorer de paillettes roses et rouges. Bien sûr, il n’a pu s’empêcher de les manger tous avant le retour de Sarah, alors elle n’a reçu qu’une photographie par courriel des biscuits. » C’est par ces petites attentions que Bryce démontrait son amour aux autres.

Ayant brièvement travaillé en construction avant de s’enrôler, Bryce aimait aussi dessiner et conservait un cahier contenant les esquisses de ses créations passées ou projetées. L’une d’elles était un dessin des initiales de sa femme, qu’il avait l’intention de se faire tatouer. Sarah se souvient du fabuleux coffre de bois qu’il lui avait construit pour ranger son matériel de couture.

Bryce était un amoureux des animaux, et plus il vieillissait, plus le type d’animaux qu’il aimait devenait varié. Il a eu des tortues, des oiseaux, des hamsters, des chats et des furets, ainsi que ses deux meilleurs amis, Finn et Mia (un doberman et un labrador croisé). Cette passion pour les animaux l’a conduit à faire du bénévolat pour la Edmonton Humane Society, où il donnait de son temps pour marcher avec les chiens.

Bryce était un homme simple, qui appréciait les petits plaisirs de la vie comme les pérogies, le foie aux oignons ou un bon steak. Il aimait aussi aller au cinéma, faire de la lecture, du sport ou du camping, et relaxer sur son divan. Il était très aimant avec les siens qui l’aimaient profondément en retour.

À titre posthume, la médaille de la vaillance militaire a été décernée à Bryce pour sa bravoure au combat. Alors qu’il faisait face aux tirs ennemis, le caporal Keller a fait preuve de courage et de leadership pour permettre à ses compatriotes de prendre soin d’un soldat grièvement blessé. Ce jour-là, le sacrifice ultime de Bryce a permis de sauver plusieurs vies et son régiment a ainsi pu conserver sa position jusqu’à ce que les renforts arrivent.

Tigest Mulugeta

Traduction par Annabella Normandeau

Portrait par Shairl Honey