Incroyablement intelligent, bien articulé, dogmatique et plein d’esprit, le caporal Jordan J. Anderson a eu tout au long de sa vie une soif de connaissance sans limite. Le Caporal Anderson a passé sa jeunesse dans le Grand Nord canadien. Il est né à la Baie Frobisher dans les Territoires du Nord-Ouest (appellés maintenant Iqaluit, Nunavut). Il a séjourné quelques temps à la Baie Pelly à Tuktoyaktuk puis à Inuvik où il a fréquenté l’école Sir Alexander Mackenzie avant d’entreprendre ses études secondaires au collège Athol Murray (Notre Dame) à Wilcox en Saskatchewan. C’est là qu’il a su démontrer, comme joueur de football et de rugby, son grand esprit d’équipe, un atout qui devait si bien le servir durant toute sa carrière militaire.

Cette carrière militaire a commencé le 20 juillet 2000 alors qu’il s’est enrôlé et a été affecté dans le 3ième bataillon Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. C’était une période occupée et exaltante pour le Caporal Anderson. Au cours de l’été 2001, il a rencontré sa future femme Amanda pendant qu’il assistait à un CTALFC (un concours de tir militaire) à Ottawa. En février 2002, il a été déployé en « Op Appollo », première mission du Canada en Afghanistan. Il en est revenu sain et sauf cette année-là.

Le Caporal Anderson aimait la vie de soldat et plus particulièrement celle de parachutiste. Mais malheureusement en 2005 un mauvais saut en parachute a presque mis fin à cette passion. En fait, les médecins lui ont annoncé qu’il lui restait 10% de chance de retourner dans l’infanterie et seulement 2% de chance de pouvoir sauter à nouveau en parachute. Pendant quatre mois il portait un plâtre peint en vert camouflage des aisselles aux hanches. Déterminé à sauter de nouveau en parachute, lui ainsi que ses soignants ont tout mis en œuvre pour qu’il se rétablisse et leur persévérance a enfin porté fruits. Quand le Caporal Anderson a effectué son premier saut, son docteur était là pour l’accueillir dans la zone d’atterrissage et lui serrer la main. Quant au plâtre, il l’a apporté dans la BFC Wainwright où il l’a fait exploser! Le Caporal Anderson a épousé Amanda en 2005 et puis il a été déployé encore en 2007.

Le 20 mars 2007, alors qu’il était en service en Afghanistan, le Caporal Anderson a utilisé ses habiletés tactiques de combat pour sauver la vie d’un entrepreneur américain quand son chien renifleur de bombes a déclenché accidentellement un engin explosif improvisé qu’ils tentaient de retrouver. Un plus tard l’entrepreneur voulait le contacter pour le remercier. On lui annonce alors que le Caporal Anderson avait été tué deux semaines plus tôt.

Le Caporal Anderson était à la fois discret et fier du travail qu’il accomplissait avec ses compagnons d’armes. Il était conscient et persuadé de contribuer à la sécurité et au mieux-être du peuple afghan en aidant le pays à se débarrasser du terrorisme international. Un jour il espérait pouvoir y retourner en touriste.

Le Caporal Anderson, avec cinq autres soldats et un interprète afghan, ont été tués quand leur RG-31 Nyala a roulé sur une bombe artisanale massive le 4 juillet 2007. À l’époque, c’était le plus grand engin explosif improvisé jamais expérimenté au sein de l’OTAN.

Lorsqu’il est décédé, il ne manquait au Caporal qu’un seul cours pour obtenir son baccalauréat en arts avec spécialisations en science politique et en histoire de l’Université du Manitoba. Il avait prévu terminer une maîtrise en études stratégiques afin de devenir Agent de renseignements. Suite à une demande faite par ses amis et army.ca, il a obtenu son degré à titre posthume. C’était la première fois depuis la guerre de Corée qu’une université canadienne accordait un degré à titre posthume à un membre des forces mort au combat. Aujourd’hui, il y a une bourse d’études appelée « On The Ramp » au nom de Jordan à l’Université du Manitoba. Cette bourse d’études est disponible aux membres des forces qui sont en service actif ou à la retraite ou même pour ceux qui sont encore cadets. Les dons peuvent être effectués en ligne sur le site Web de l’Université du Manitoba. Les sommes accordées chaque année aux étudiants sont déterminées par le montant des dons reçus.

Au cours des jours suivant le décès, la franchise et l’intelligence du caporal Anderson ont été les mieux rappelées dans une lettre écrite par son commandant. Dans cette lettre, le commandant a déclaré qu’il allait manquer la façon par laquelle Jordan lui disait de gérer le bataillon.

Le Caporal Anderson a insisté pour dire à sa femme Amanda au cas où le pire devait arriver : « Tu vas rencontrer plein de gens importants. Dis-leur de se concentrer sur la mission et non pas sur les
victimes ».

Après la mort de son mari, Amanda, la femme du caporal Anderson, a trouvé des mots qu’il avait écrits – “Je n’ai pas peur de mourir. Je sais que je fais la bonne chose… et j’ai pris les mesures pour ceux que j’aime. Je sais que ce ne sera pas pour rien.”

J’lyn Nye

Traduction par Walter Zicha Jr.

Portrait par Shairl Honey