Une cérémonie aigre-douce eut lieu le 14 mai 2014 au Carré Nathan Green à Halifax en Nouvelle-Écosse. La famille et les amis du Caporal-chef Christopher Stannix, accompagnés de membres de l’Armée Canadienne, se sont réunis pour le lancement du nouveau traversier de Woodside, le Christopher Stannix. Les résidents de Halifax et des communautés environnantes avaient voté précédemment pour nommer le nouveau traversier en l‘honneur de Chris, qui avait passé son enfance en Nouvelle-Écosse et, avant de s’engager en Afghanistan, avait été étudiant a l’université St.Mary pendant qu’il habitait à Darthmouth, Nouvelle-Écosse. Cette université avait décerné à Chris son premier diplôme à titre posthume en 2007.

Ces actes de gratitudes décrivent un homme qui, bien que très jeune, était doué d’une maturité extraordinaire. On aperçoit sa nature pensive et généreuse lorsqu’ il déclara avant son départ pour l ‘Afghanistan, « j’aimerais croire que, si j’étais dans la même situation qu’ils se trouvent en ce moment, quelqu’ un se porterait volontaire et m’aiderait de la même façon que je me porte volontaire pour les aider”.

Chris s’engagea dans le régiment Princesse Louise Fusiliers à Halifax lorsqu’il était encore à l’école secondaire et acheva plusieurs cours d’orientation et d’exercices militaires avant d être promu caporal-chef en 2006.

C était pour lui une progression naturelle. Lorsqu’il était enfant, Chris et ses amis jouaient avec des soldats miniatures pendant des heures, construisant villes et villages où ils y menaient de formidables batailles. Peut être parce qu’il venait d ‘une famille de militaires, Chris aimait l’armée et était déterminé à en faire sa carrière. Ses études d’histoire à l’université complimentaient même son entrainement militaire.

Chris avait aussi un côté comique, n’hésitant pas à faire n’importe quoi pour gagner (avec deux amis) le championnat atlantique de paintball en 2004. Ses don innés étaient littéralement amplifiés par des ruses originales pour battre l’adversaire, terrorisant et déconcertant la compétition tous les matins à l ‘aide de musique de « Boy Bands » tonitruante. Il était reconnu comme une force sur la patinoire de hockey gardant toujours en vue son bâton spécial et était toujours prêt pour une pizza ou un sub. Chris bénéficiait d’une relation spéciale avec sa grand- mère Nana, qui aimait tant son beau sourire et tissait des mémoires avec ses parents et sœurs, ainsi que sa fiancée, avec laquelle il avait passé un Noël magique au Colorado en 2006.

Voyageant au Canada et aux États-Unis en tant que fils d’une famille de l’Armée de l’Air, Chris eut un aperçu et appris beaucoup sur la vie militaire. En dépit de sa famille essayant de le convaincre de rester au Canada, il accepta une réduction de son rang pour pouvoir aller en Afghanistan. Il s’engagea avec le bataillon 2 RCR dans les régions de Masum Gar et de Maywan. Il écrivit dans son agenda une citation d’Amelia Earhart “ l’aventure en vaut la peine”. Cette philosophie le guida pendant des journées de plus en plus difficiles et dangereuses, étant exposés à la terreur, la saleté et la poussière. Avec des bombardements fréquents et quelques moments trop proches du danger, entrecoupés par des périodes d’ennui profondes, les soldats avait les nerfs à vif.

I l n ‘était pas le premier soldat à citer dans son journal “ La guerre est étrange, elle va de zéro a soixante en un quart de seconde et toujours quand vous ne vous y attendez pas”. Mais il pensait aussi à son futur et souhaitait ne pas trop changer et voulait repartir le même homme qui était arrivé, peut être un peu plus sage. Hélas, Chris n‘a pu garder sa promesse à Nana d‘aller la voir au lac pendant l’été. Contemplant les dunes de sable du Désert Rouge qui s‘étalaient à perte de vue, il pensait « Aventure, peut-être, sagesse, certainement ».

Nancy Bateman

Traduction par Walter Zicha Jr.

Portrait par Shairl Honey