Durant la courte vie de Aaron Williams, deux traits de caractère ressortent : sa grande joie de vivre et son amour pour les activités de plein air. Ces qualités propres à sa personnalité étaient à la base de sa dévotion et de son adoration pour sa fille, maintenant âgée de 10 ans. De plus, il adorait la vie militaire. C’était une carrière à laquelle il rêvait depuis son enfance.

La communauté de Perth-Andover où il a grandi était à proximité de la forêt. Aaron partait souvent en randonnée pour explorer, chasser, rouler dans la boue, faire des barbecue et camper. Il était souvent accompagné de sa meilleure amie, sa soeur Kim, même en hiver. Ils ont déjà construit un appentis et un foyer pour une nuit de camping d’hiver. Cet endroit sert encore lors des barbecues en famille. Même s’il avait un enthousiasme pour ces activités, il l’était moins pour ses travaux scolaires. Toutefois, cela ne l’a pas empêché de devenir vice-président du conseil étudiant et d’avoir du plaisir à l’école. Les jeunes filles le trouvaient d’ailleurs très séduisant et athlétique (il jouait au hockey depuis l’âge de six ans). Aaron a même été vendu aux enchères lors d’un événement, et il devait parader dans les rues, habillé comme une fille; d’ailleurs, il adorait faire partie de toutes les occasions qui lui permettraient de rendre les autres heureux. Sa mère se souvient de lui avec affection à l’âge de quatre ans, lorsqu’il lui expliquait combien c’était très important qu’il aille chez le coiffeur, parce qu’après, les gens lui souriaient. Peut-être est-ce là l’origine de son désir inné de rendre les autres heureux. Ses aventures d’enfance incluaient la chasse et la conduite du vieux camion de son père, lequel s’est retrouvé directement dans un arbre. Malgré son nez cassé, Aaron avait trop de plaisir pour se rendre à l’hôpital et il a, en quelque sorte, replacé son nez lui-même.

Aaron a toujours su qu’il voulait faire partie d’un organisme qui avait pour objectif de venir en aide aux autres. Après son diplôme du secondaire, il a envisagé la GRC, mais il a choisi de s’enrôler dans le Royal Canadian Regiment en 2003. Il a d’abord été affecté à la Base de soutien de la 5e Division du Canada Gagetown, qui l’a mené à sa première mission en Afghanistan en 2005, peu de temps après la naissance de sa fille Kayla. Il était un père présent, aimant, charmant et drôle. C’était un côté de lui que peu connaissaient, et autant la vie militaire lui collait à la peau, autant son rôle de père lui est venu naturellement. Le fait d’être le cadet d’une famille de trois grandes sœurs lui a peut-être pavé le chemin pour devenir un père merveilleux. Aaron et sa fiancée Jenn se préparaient pour une autre étape importante de leur vie; après l’achat d’une maison en 2006 , ils avaient prévu de se marier en octobre 2007.

En Afghanistan, Aaron était un tireur d’élite. Ses compatriotes le percevaient comme quelqu’un de discret, compétent, mature et confiant de la direction que prenaient sa carrière et sa vie. Dans ses lettres, il a écrit que les conditions de vie des Afghans étaient troublantes pour quelqu’un qui, comme lui, avait grandi dans un tout autre univers. Il y décrivait l’odeur et la poussière comme étant particulièrement dérangeantes; le malaise omniprésent lorsqu’il négociait avec les Afghans dans la rue, sachant que même les enfants pouvaient représenter un danger caché pour les soldats. Tout cela était à ses yeux très loin de sa propre enfance et celle de sa fille (laquelle a suivi les traces de son père en choisissant de pratiquer le hockey).

Malgré tout, sa famille et ses camarades savaient que Aaron était à sa place, assumant son choix de venir en aide aux autres et en accord avec l’individu intègre et heureux qu’il était, c’était ce qu’il voulait vraiment. À l’image de ce qu’il répondait souvent quand quelqu’un lui demandait ce qu’il faisait, il disait : « Tout ce que je veux! »

Nancy Bateman

Traduction par: Sylvie Alice Roy

Portrait par Shairl Honey